Croissance économique, capitalisme et « Occidentalisation » du Sud du Vietnam, une corrélation avec son insécurité ?
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Keywords

Vietnam
security
experience

How to Cite

Mauriello, M. (2025) “Croissance économique, capitalisme et « Occidentalisation » du Sud du Vietnam, une corrélation avec son insécurité ?”, Study Session Report. Conférence Olivaint Genootschap, 70, pp. 101–108. Available at: https://pub.olivaint.be/report/article/view/15 (Accessed: 10 December 2025).

Abstract

La première chose que nous entendions lorsque nous disions à des locaux finir le voyage par Saigon/Ho Chi Minh City était systématiquement : « Faites attention ». Faire attention ? Mais faire attention à quoi exactement ?

Nous posions évidemment la question et, à nouveau, les mêmes réponses : « Faites attention à la délinquance en rue », « ils arrachent les téléphones des passants », « il y a de la violence, des bagarres, des agressions dans les rues ». Consternant, non ? 
Cela était consternant à entendre parce que l’on se sentait tellement en sécurité partout où nous allions. En tout cas, pour ma part, je me sentais en sécurité. A Hanoï et Hué, j’allais régulièrement me balader seule dans les rues, afin de m’imprégner de cette ambiance tellement unique qui m’a tant plu.

Naturellement, en arrivant à Ho Chi Minh City, j’avais un certain a priori, ou tout du moins une certaine crainte et une pointe de tristesse. En effet, en tant que jeune femme en particulier, l’insécurité en rue fait partie intégrante de mon quotidien. Et je pèse mes mots. Il n’y a pas un jour de ma vie, particulièrement depuis que je vis à Bruxelles, durant lequel il ne s’est pas passé quelque chose me faisant me sentir en insécurité, allant des regards insistants aux agressions physiques. Pour la première fois de ma vie, je me sentais complètement libre et en sécurité. Complètement libre de ce sixième sens que j’avais développé, de cette hyperconscience de tout ce qui m’entoure, de cette fausse décontraction pour ne pas sembler être une proie facile et de cette rapide agressivité par méfiance de tout et tout le monde.

Et soudainement, ces mises en garde me ramenaient à cette triste réalité. J’avais donc un peu peur. Mais je ne souhaitais pas me laisser dicter par cette peur. Je souhaitais me faire ma propre expérience. Cette expérience nécessite deux relativisations. La première, c’est que, fort heureusement, rien ne s’est produit, bien que l’ambiance ait été complètement différente des autres villes et moins « détendue ». La seconde, c’est que nous ne sommes restés que deux nuits à Ho Chi Minh City et que nous ne sommes sortis que dans des quartiers plus fortunés. En effet, nous sommes allés fêter les résultats des élections sur un rooftop branché et touristique, aux prix très européens. Les journées, nous étions accompagnés de notre guide et visitions des musées et monuments ainsi que l’Université Van Lang, ce qui nous « préservait » naturellement de ce genre de choses.

Alors, vous pouvez légitimement vous demander pour quelle raison j’ai décidé, malgré mon expérience positive, de me pencher sur cette question et de prendre cet axe ? Il y a plusieurs raisons à cela. La première, c’est que je suis quelqu’un de très curieux, il était par conséquent logique que je me penche davantage sur la problématique qui m’était exposée. La deuxième, c’est que j’ai toujours eu un très grand intérêt pour les questions sociétales concernant l’insécurité et les agressions, cela tenant à ma condition de femme et à mon vécu personnel. Ensuite, la troisième, c’est qu’au travers de mes études, des projets que j’entreprends et de mes lectures personnelles, j’ai très souvent entendu ou lu à propos de l’impact négatif de « l’occidentalisation » et du capitalisme sur les pays en développement. Enfin, la quatrième, c’est que le Vietnam fut colonisé par la Chine pendant 12 siècles, ensuite par la France au Nord et par les Etats-Unis au Sud. La colonisation laisse des traces indélébiles dans un pays et la néo-colonisation en est son symbole de persistance.

Alors je me demande : la croissance économique a-t-elle comme revers l’insécurité croissante ? La croissance de l’une entraine-t-elle de facto celle de l’autre ?

Je tiens à préciser que je ne prétends pas à fournir une vérité unique, ni à un vérité scientifique. Ce rapport est simplement la synthèse la plus objective possible de recherches complexes sur une problématique peu abordée et quelque peu taboue. 

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